Une femme « givrée », « dérangée » déambule de sa drôle d'allure saccadée et nous livre, avec une logique qui n'appartient qu'à elle, ses pensées, ses désirs, ses fantasmes… Marie tourne en rond dans une pièce toute blanche dont le sol est jonché de médicaments. A côté d'elle, un musicien entremêlant trombone, bande-son, bruitages, accompagne et prolonge les fantasmagories de Marie. Soudain, des couples de danseurs viendront briser quelques minutes la solitude du monologue. On se demandera alors si les patineurs artistiques que Marie fait apparaître et disparaître au bout de son pouce et son index sont plus irréels que cette apparition…
« Si les malades se sont détournés de la réalité, ils en savent plus long que nous sur la réalité intérieure et peuvent nous révéler certaines choses qui, sans eux, seraient restées impénétrables. »
Georges Didi-Huberman
Pendant des années, on m'a, à des intervalles de plus en plus rapprochés, soufflé dans les nerfs, pour y êtres répétés des centaines de fois, des bouts de phrases faits pour être complétés par mes nerfs. C'est ainsi que tous les jours je peux entendre, se répercutant au centuple, ces mots incohérents soufflés sans suite dans mes nerfs : Pourquoi alors ?…Pourquoi parce que… Pourquoi parce que je…Soit que…Eu égard à son…Puis un « Oh ! oui » jeté dans mes nerfs sans aucune raison d'être.
Je suis capricieuse et égoïste, je ne suis pas malade mais incomplète. Dans la mesure où l'on est né humain, il faut s'attendre à se faire couper la tête paraît-il.